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Cabanes et chants des cigognes - Part II

  • Photo du rédacteur: Galel Jourih
    Galel Jourih
  • 9 mai 2022
  • 7 min de lecture

Sur la route en direction de chez Basia, les maisons deviennent de plus en plus mignonnes. Des petits villages de vieilles maisons en bois comme dans mon imaginaire des villages de l'Est avec des nids de cigognes toutes les trois maisons.



Basia habite avec son mari Tomasz et leur chienne Ruta dans l'un de ces petits villages si adorable. Tomasz a acheté cette maison pour une bouchée de pain il y a quelques années et il l'a complétement retapé. Basia l'a rejoint deux ans plus tard et ils y vivent paisiblement. Tomasz est peintre en bâtiments à son compte et Basia fait des massages. En plus de leurs métiers respectifs, ils s'occupent de leur grand potager qui leur permet de vivre en quasi auto suffisance concernant les légumes.



J'ai rencontré Basia au centre de méditation en janvier et elle m'avait invité à venir chez eux quand je serais sur la route.

Je me sens tout de suite super bien dans leur petite maison.



Le lendemain, ils ont un rendez-vous chez le médecin à Bialystock et me propose de me déposer en ville le temps de leur entrevue médicale.

Je découvre que c'est la ville de Louis-Lazare Zamenhof l'inventeur de la langue Esperanto et que la ville a été remise au gout du jour au 17 eme siècle par le chef de guerre Jan Klemens Branicki qui en fait un endroit de teuf pour les grands du royaume attirant scientifiques et écrivains à la mode de l'époque.



En rentrant, on passe par chez les parents de Tomasz. Je suis tranquillement en train de me resservir pour la 3 eme fois du gâteau au pommes quand Basia et Tomasz annonce qu'ils attendent un enfant. Je m'ettouffe en apprenant la nouvelle mais ça va, cette heureux moment ne vire finalement pas en drame.

Le rendez-vous médicale de l'après-midi étant l'échographie du troisième mois. Je suis émue d'être là pour ce moment intime et verse ma petite larme en serrant dans mes bras la future maman.

Plus tard, elle m'explique qu'ils essayent depuis quelques années d'avoir un bébé et qu'elle préfère ne pas se réjouir trop vite ayant déjà vécu une fausse couche l'année passé.

Ils étaient tous les deux supers en stress par rapport à ce rendez-vous et c'est maintenant plus détendu que nous profitons de la fin de journée et de la suite de mon séjour chez eux.



Je fais ensuite la connaissance de Nina.

Nina c'est leur vieille voisine que tout le monde appelle Baba. Elle a des yeux de petite fille et trouve ça trop marrant qu'on puisse pas discuter ensemble sans la traduction de Basia. Elle me dit que même pas en rêve elle aurait imaginé parler à une française un jour et puis qu'elle ne comprends pas qu'il y ai d'autres mots pour dire "lait" ou "bonjour". Pour elle, c'est "Mlecko" et "dzièn dobre" et puis c'est tout.

Elle habite la maison d'en face depuis son mariage et vit avec son mari qui ressemble à un ogre et qui est drogué aux médoc et alcoolique. Il est désagréable avec elle mais malgré un quotidien difficile avec lui elle garde un humour et une joie de vivre malicieuse.



Elle m'explique la chance qu'elle a d'avoir Basia et Tomasz comme voisins car ils viennent se visiter presque tous les jours pour papoter et boire le café.

Elle arrose leur potager et garde le chien quand ils partent pour quelques jours et eux lui font tester des plats qu'elle n'a jamais gouté ou l’emmène en ville manger une pizza et faire des courses.

Elle n'a pas de voiture et ne va jamais en ville alors elle met un seau sur sa barrière pour que le camion épicerie qui passe chaque jour s’arrête devant chez elle quand elle a besoin d'acheter quelque chose.

Dans le village, il y a aussi des bancs devant les maisons pour que les vieux s'y retrouvent. Basia m'explique qu'avant il suffisait que quelqu'un arrive avec un accordéon pour que ça finisse en bœufs de chant populaire.



Le lendemain, on va se promener dans une forêt proche de Białowieża. Celle-ci est fermé car l'armée polonaise y a construit un mur anti-migrant. En effet, c'est à cette frontière biélorusse qu'il y a encore tous les migrants parqué car trop colorés sans pouvoir franchir les portes de l'Europe. Je sens que le sujet est compliqué alors on ne discute pas trop de ça.

La forêt primaire est donc en train d'être défoncée par l'armée polonaise alors que c'est l'une des plus vieille d'Europe. Avant ça, c'était le gouvernement polonais qui était en train de l'abattre sans vraiment de remords non plus malgré une forte mobilisation des polonais.



Après la forêt, nous allons nous régaler dans l'une des meilleure pizzeria de la région et on finit par un petit plouf à la piscine.

On profite également du sauna et du hammam, les polonais en raffolent et c'est marrant de se retrouver en maillot de bain dans un endroit aussi exiguë avec des gens que je ne connais pas. Au hammam, ça papote en polonais alors j'essaye de reconnaitre les mots que je connais.

Je suis assez fière du vocabulaire que je commence à avoir mais de la à pouvoir discuter avec un polonais c'est une autre histoire.

Quand je dis "dzień dobry (bonjour)", je rajoute super vite "nie rozumiem po polsku (je ne comprends pas le polonais)" et "czy mówisz po angielsku?? (parles-tu anglais?)". Je suis une sorte de répondeur humain et ça me va bien.



C'est en rentrant que l'on découvre un homme au sol sous son vélo.

J'ai l'impression qu'il est mort mais en fait non il est juste super bourré. Tomasz et Basia lui demande si tout vas bien et découvre que son vélo est cassé. Il a le visage en sang et est encore bien saoul. Des voisins passant par la, proposent de réparer son vélo et Tomasz ramène le gars chez lui. Tomasz m'explique qu'il y a pleins de mecs bourrés tout le temps sur le bord des routes. Le mari de leur voisine Nadia est mort renversé par un voiture il y a plus de 20 ans car il rentrait du village voisin ivre mort.

Je me demande pourquoi la Pologne a parfois une image de pays d'alcoolique alors qu'en France on est pas mal non plus. Ici, ils carburent à la vodka qui est un alcool bien plus radical que le vin ou la bière et certains me parle de la mélancolie des pays slaves et des hivers froids et rudes.



Le lendemain matin Tomasz part faire du tir au pistolet non loin d'ici, il est passionné et me montre comment il réalise les balles avec de la poudre et de la semoule. Il me montre les armes qu'il a acheté en ligne et qu'il va pouvoir revendre plus cher. Je trouve ça glauque comme passe temps mais je lui dit pas de peur de me retrouver avec du plomb dans le cul.

Il me dit que les polonais sont super fan d'armes à feu et qu'avec la guerre les prix ont grimpé en flèches.


Le pays vivrait des cycles de 30 ans concernant le fait d'être occupé par l'ennemi alors ils se préparent à reprendre cher bientôt.

Les polonais se sont toujours fait envahir et partager par les grandes puissances voisines. En 1795, c'est le troisième partage de la Pologne entre la Russie, l'Autriche et la Hongrie. La Pologne cesse d’exister en tant qu’État. Elle ne redeviendra un État unifié qu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle retrouve une identité en 1918 mais ce sera de courte durée. Les allemands et les russes prennent possession des terres polonaises pendant la deuxième guerre mondiale et font subir des horreurs à ses habitants. Plus de 6 millions de Polonais ont été tué durant la guerre dont 3 millions de juifs.

Puis les 45 ans de vie sous le communisme fut un véritable calvaire et est encore bien présent dans les mémoires.


Le passage du communisme au capitalisme en 89 c'est fait très vite et a été un choc très violent pour beaucoup de polonais. Passer du manque de tout à pouvoir tout acheter si on a de l'argent fut un trauma que beaucoup aujourd’hui on très bien assimilé.

Les polonais sont de gros bosseurs pour pouvoir faire de la thune et acheter, construire et partir en vacances. L'argent est le maitre mot et il est bien vu d'acheter la dernière voiture ou de construire sa maison sur mesure.

Bien sur c'est une grosse généralité mais que j'ai observé et compris au gré des discussions et des rencontres.



Nina la voisine d'à côté n'a pas vraiment connu ce capitalisme fou. Elle me fait le tour du propriétaire en me montrant qu'ils n'ont pas de salle de bain et qu'elle cuisine toujours sur le gros poêle à bois qui chauffe toute la maison. Elle va chercher l'eau au puits qui est bien meilleure que celle du robinet et essaye de me faire picoler en me servant de l'alcool maison. Étonnée que je ne mange pas de viande, elle me demande si tous les français sont végétariens.


Quand elle repasse dans l'après-midi, je lui demande si elle est ok pour chanter des chansons qu'elle connait face à ma caméra. Au début méfiante, elle prend rapidement un plaisir canaille à chanter devant moi.

Basia et Tomasz me disent qu'ils ne l'avaient jamais entendu chanter comme ça. Elle s'est sentie à l'aise et ce fut un chouette moment de partage, on se marre bien toutes les deux même sans pouvoir se comprendre.



Les cigognes sont partout dans la région. C'est magique pour moi de les voir dans les nids à côté de la maison. Il y a une grande politique de protection de ces oiseaux ici et chaque année ils vérifient les nids et rajoutent de nouvelles structures pouvant accueillir de nouvelles cigognes et leurs petites maisons.



Avant de partir, mes amis m’emmènent avec la maman de Tomasz à la brocante la plus populaire de la région. C'est un dimanche par mois et c'est au beau milieu de la forêt.

Ça commence par un long embouteillage entre les arbres alors qu'il est 9h du mat. Les gens garent leurs voitures le long de la route et continuent à pied. La-bas, c'est la cour des miracles. Des casques de la deuxième guerre mondial à la fameuse saucisse polonaise Kiełbasa on trouve tout ce qu'on cherche et même plus encore. C'est vite fatiguant alors on s'éclipse pour se faire un petit pic-nic dans la forêt. La maman de Tomasz à préparé "Trois fois rien" et on se craque le bide.



Je reprends la route le lendemain non mécontente de me retrouver un temps toute seule. Je sillonne la Mazurie, région touristique par excellence à côté de la Lituanie et de l'enclave Russe et me repose quelques jours face à un joli lac. Puis direction le centre de méditation pour participer à un cours de 20 jours.


Une autre aventure m'attends plus intérieur et immobile cette fois...



On se retrouve en juin.

En attendant, je vous souhaite du doux et du beau pour cette période printanière.


Bizoux les petits loups

et laisse le mot de la fin à ma copine Nina...





 
 
 

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