Bonne heureuse année
Ouf, il est toujours temps de vous souhaiter mes vœux alors je vous souhaite une magnifique année 2022 pleine de petits et grands bonheurs, de petits et grands câlins, de petits et grands rêves, de petits et grands sourires, de petites et grandes folie… La vie quoi !
J’ai lu dans quelques bons vœux de compagnies de théâtre ou asso que cette année n’était pas une année qu’on avait envie de souhaiter. Que la motivation pour l’après n’était pas vraiment de circonstance après ces deux années pandémique et la suite qui ne s’annonçait pas vraiment joyeuse. La pandémie, l’environnement, le combat de catch présidentiel français…
Moi je crois au contraire qu’un changement d’année, aussi insignifiant que cela puisse paraitre (finalement ce n’est qu’un changement de date) est puissant pour nos êtres. C’est puissant car à l’intérieur on se dit qu’on se donne un élan pour une nouvelle année, on se rêve le futur comme tout les jours mais avec un peu plus d’espérance, on essaie de changer nos habitudes avec « de bonnes résolutions » qu’on ne tiendra surement pas mais on y a pensé, on a fait le point sur nos vies, nos zones de confort, nos faiblesses.
Et rien que pour ça encore plus et justement parce que l’énergie ambiante est morose, souhaitons nous du bon, rêvons d’un futur joyeux et doux avec du monde autour avec qui partager ça.
Sourions à cette période étrange car elle passera comme tout finalement.
Pour célèbrer 2022, je vous partage un chant que j'ai improvisé avec le soutien vocale de mes comparses de chant lors du stage avec la magnifique chanteuse/musicienne Lior Shoov en Octobre 2021.
Je ressors de 10 jours de méditation en silence. C’était intense, j’ai vécu de bonnes tempêtes interne mais c’est toujours synonyme que ça bosse à l’intérieur alors je suis heureuse.
Ça m’a fait du bien de faire ce cours de 10 jours, je n’arrivais pas à trouver ma place au centre, j’étais fatigué et je ressors bien reposé et fraiche pour vivre l’aventure d’un long terme ici.
La fin d’un 10 jours est vraiment intense et haut en couleurs. Le jour 10 on reprend la parole après 9 jours de silence. Chacun à sa manière, certains vont aller retrouver une amie ou des gens rencontré le premier jour. D’autres ont besoin de temps, se promènent, redescendent plus doucement de cette aventure toujours différente.
Cette fois çi j’avais besoin de temps et je ne connaissais personne. C’est donc à l'heure du repas que ma voisine me souhaite un « smach nego » (bonne appétit) tout sourire. « Et merde » je me dis. J’avais observé qu’elle n'allait pas au discours en anglais donc à tout les coups elle va me parler polonais et ça va être la galère.
Finalement, je lui dit que je parle pas polonais et on échange dans un anglais basique. Pour moi c’est toujours un moment bizarre le retour à la parole avec quelqu’un. Je suis super émotive. La dernière fois, j’avais commencé à pleurer juste en remerciant les filles qui nous avait fait à manger.
Donc là je suis bien sensible quand on parle de la composition de nos assiettes et de cette purée verte qu’ils appellent « pesto » mais je me contrôle pour pas pleurer, je pense qu’elle comprendrait pas.
Je vais ensuite me chercher un truc à boire et la je tombe sur Inga. Une fille que j’avais repéré car elle faisait des trucs bizarre pendant le 10 jours. Un jour, il c’était mis à neiger et elle avait essayé de manger la neige en rigolant.
Inga est DJ et programmatrice de soirée électro dans un bateau à Berlin. Elle me raconte que c’était cool mais qu’elle avait failli partir le 2eme jours car comme elle est de la nuit et que la on se leve à 4h30 et qu’on se couche à 21H30 elle dormait pas. Décalage horaire. Alors elle avait été voir Taya en pleine nuit pour lui dire qu’elle voulait partir mais Taya lui avait dit d’attendre le lendemain matin avant de prendre sa décision. Finalement, elle était resté mais en avait bien chier. Elle se réveillait pas le matin et Taya devait aller la chercher à chaque fois.
Taya c’était la référente des femmes pour ce cours, une jeune biélorusse avec tatouages et piercings, DJ elle aussi à Berlin. C’était son premier service à Vipassana et l’enseignant lui avait proposé d’être manager des femmes car elle était arrivé un peu en avance et qu’elle parlait polonais et anglais mais aussi russe et allemand. On avait papoté la veille du cours et elle me disait que ça lui faisait du bien d’être là pour se reconnecter à elle-même et couper un peu du monde de la fête. Elle m’avait dit aussi que venir en janvier c’était parfait pour recharger les batteries car après les fêtes, l’hiver est long et bien maussade à Berlin.
Inga me propose de se joindre à la table ou elle mange et je rencontre Laura une polonaise qui vit à Berlin et Ivana une plasticienne croate au look de Morticia dans la famille Adams qui vit elle aussi à Berlin.
Vient ensuite se joindre à nous une psy roumaine, fausse blonde au chignon serré, aux lèvres botoxées et aux yeux bleus perçants qui me trouble car elle me parle super près en me fixant super fort et j’ai l’impression qu’elle veut m’aspirer. Il faut dire que je suis toujours sous le coup de l’émotion. Elle me parle avec les quelques mots qu’elle connait en français c’est-à-dire que j’ai l’impression de parler à une enfant de 4 ans et je me dit que c’est exactement le niveau de discution que j’ai envie d’avoir à cet instant.
Après elle me parle de Jésus et je vais remplir ma gourde.
Ici être française c’est super badass. Tu vois les yeux des gens briller quand tu leur dis d’où tu viens. L’autre fois, j’étais avec ma pote Nicoletta et une nana nous demande d’où on vient. Moi je dis la France et la nana trop contente me demande de quelle région et me raconte la fois ou elle a été à Chartres et que c’est la plus belle ville de France (lol) puis se tourne vers Nicoletta qui lui dit l’Allemagne du coup la nana change de sujet direct. Je m’étais un peu sentie coupable envers Nicoletta de mes origines et à la fois je sentais l’expression « fier comme un coq » vibrer en moi.
C’est donc un bon sujet pour travailler l’égo car je me sens toujours un peu comme si j’annonçais que j’étais la fille de Barack Obama alors que non pas du tout mon père s’appelle François et il n’est pas afro-americain, il est franco-allemand.
Margochia me disait ce midi que c’est pour elle une langue « royale », j’ai pas trop voulu rentrer dans le sujet en lui demandant si elle savait ce que les français avait fait à leur roi en 1789. Je préfère la laisser rêver en lui disant dans mon plus beau français « Baguuuuette, camembert, saucisson» (véridique ça fait rire, n’hésitez pas à essayer lors de votre premier rendez-vous Tinder).
Bref, ça me fait marrer de me retrouver avec des Berlinoises déjantés pour un retour dans le monde réel. Inga me raconte qu’elle avait vu pleins de champignons dans les bois et qu’elle en avait cherché des hallucinogènes mais n’en avait pas trouvé. Je me demande un instant ce que ça aurait pu donner de la voir arriver en méditation sous champi et je me marre.
Le centre qui avait été si silencieux reprends donc vie avec des rires et des discutions en polonais ou anglais.
Je rencontre Indré un Lituanienne qui me propose de passer chez elle quand je serais sur la route au printemps.
En France, à la fin de chaque cours le contact est très intense sur le moment mais force est de constater qu’une fois de retour dans la vie réelle les liens ne restent pas. Ici, je me sens différente car étrangère et je trouve ça trop chouette de rencontrer autant de gens de pays différents. C’est vraiment un centre international car j’ai déjà rencontré des slovaques, bulgares, lituaniens, allemands, croates, polonais, français, americains.
Il est situé au milieu de l’europe de l’est et c'est le seul centre Vipassana à la ronde. Après c’est la Russie mais c’est hors de l’UE et j’imagine que c’est plus compliqué pour s’y rendre.
Jour 11, dernière méditation du cours à 4H30. Séance de torture pour moi qui m’endort sur moi-même tel un bonhomme de neige sous le soleil de Mexico. Il faut dire que l’agitation et la reprise de la parole de la veille m’a beaucoup fatigué.
Dernier petit dej, rangement du centre et il n’y a plus personne. J’ai l’impression qu’il est 16h mais non il n’est que 10h. La journée est magnifique et c’est une sensation étrange de se retrouver dans le centre vide après tant de vie.
Un centre sans covid aussi mais j’en parlerais dans un prochain article.
Un grand merci pour les lettres que j’ai reçu juste après mon 10 jours, comme j’étais toujours bien émotive je me suis mise à rigoler de joie toute seule comme un petit cochon retrouvant la liberté et un polonais qui passait par la m’a trouvé très bizarre.
J’ai ensuite caressé les lettres très longtemps comme une mamie avec son vieux chien avant de les ouvrir avec délectation.
N’hésitez pas à prendre la plume pour m’écrire en Pologne promis je vous réponds j’adore l’art épistolaire, je tiens ça de ma mère. Mais non pas Michèle Obama l’autre, suivez un peu! ;)
Dobranoc les petits choux
Mon adresse : Julia Gohler, Dhamma Pallava – Vipassana meditation center, Dziadowice 3a, 62-709 Malanow, Poland
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