Un mois de janvier polonais
A peine 15 jours depuis que j’ai fini mon cours de méditation de 10 jours en silence et j’ai déjà l’impression que ça fait plus d’un mois.
La vie passe du tout au tout ici, il faut suivre l’énergie et faire gaffe à ne pas s’épuiser car en deux jours tu peux être au bout du rouleau.
Bref, c’est le nirvana quand je réattéris de mon cours de 10 jours, la vie est belle, les oiseaux chantent, il y a de la neige, du soleil et Eric Zemour ne s’est jamais présenté aux élections présidentielles.
Je rencontre Bacia (c’est le surnom de Barbara, ici beaucoup de prénoms ont des surnoms communs) qui étaient avec moi au cours et je la trouvais super intrigante durant les 10 jours, je l’avais même surnommé « la sorcière ». Il s’avère qu’elle n’a ni balai, ni grimoire mais que c’est la seule qui reste après le cours et qu’on s’entend tout de suite super bien.
Elle commence à m’apprendre le polonais et me parle de ses voyages en stop sillonnant la France ou elle faisait des boulots saisonniers. Le monde est petit car elle connait bien Espèraza, ce fameux marché improbable dans l’Aude ou j’allais souvent l’année dernière quand j’étais chez mes amis Antoine et Camille.
Elle m’invite chez elle quand je serais en vadrouille. Elle habite dans une maison qu’elle retape avec son mec du coté de Białystok (près de la frontière Biélo-Russe). Elle adore le groupe polonais Laboratorium Pieśni que j’aime aussi beaucoup et elle s’enchante des bœufs que nous pourrons faire ensemble quand je viendrais la rejoindre.
On prépare le cours qui commence deux jours après et c’est un peu la course. En plus, il y a l’équipe de coordination du centre qui vient d’arriver et ils sont au taquet. Ewa s’occupe de tout ce qui concerne la maintenance au centre, Tomazs et Margociata s’occupe des finances.
C’est un peu un mélange des genres improbable entre l’équipe polonaise qui dirigent le centre depuis sa création mais souvent de loin et l’équipe de bénévole actuelle qui est la depuis seulement quelques mois, la plupart étranger donc ne parlant pas polonais et qui gèrent le centre au quotidien.
En deux jours, je suis déjà explosé de fatigue car le rythme n’est pas du tout le même et David le manager allemand du centre me demande si je peux aider Ian l’irlandais à coordonner la cuisine. C’est-à-dire accueillir l’équipe qui va faire à manger et les aider à démarrer, hors ils s’avèrent que le prochain cours est un cours de 3 jours et que 3 jours c’est normalement le temps qu’il faut à l’équipe pour comprendre comment fonctionne la cuisine… OUHH YEAHH !
La plénitude acquise durant mes 10 jours est en train de prendre très très cher. En fait, elle s’est déjà envolée tel un canard sauvage rêvant de liberté.
Mardi après-midi on accueille l’équipe qui arrive au compte-goutte. Ian est déjà sur les nerfs et assez stressé, il engueule les bénévoles (avec toute proportion gardé bien sur nous sommes quand même dans un centre de méditation) sur le fait qu’ils n’arrivent qu’à cette heure-là alors que c’est juste normal.
L’équipe est composée essentiellement de jeunes polonaises super sympas qui parlent bien anglais et qui se font une joie de m’apprendre pleins de mots en polonais.
Le groupe est au taquet et dès le deuxième jour ça roule ma poule. En plus, on a choisi que des recettes faciles pour pas trop se casser la tête. Le fameux pesto qui n’a de pesto que son nom tant il ressemble à de la purée d’épinard parsemé de carré de tofu, du dhal et je ne me rappelle plus de la dernière recette qui n’a pas dû marquer mes papilles françaises (« mais ouiiii madame je suis de Frrrrrance moi, avec sa merveilleuuuuse gasssssstronomie »).
Trois jours avec l’équipe de cuisine et je suis au bout du rouleau. Je n’en peux plus du centre, de parler anglais, de rencontrer pleins de monde et je sens que c’est le bon moment pour faire une petite pause sinon je vais péter une durite et je risque de me mettre à chanter le curé de Camaret en pleine heure de méditation.
Avant de partir, comme c’est la fin du cours de 3 jours et que le centre est en repos l’après-midi Jonas propose une petite balade en forêt sous la neige.
C’est la deuxième fois que je sors du centre en un mois, j’ai l’impression d’être une prisonnière en permission. On se balade avec mes petits camarades et on va voir le plus vieil arbre de la région qui est tellement vieux qu’il a dû voir des dinosaures danser la carmagnole.
Puis, après avoir demandé à des allemands (ne jamais faire ça bien sûr) s’ils pensent que rouler sur la neige avec mes pneus d’été c’est ok et qu’ils me répondent tous que ça craint, je prends la route en imaginant comment mes parents pourraient rapatrier mon corps après l’accident que je vais surement avoir.
En fait, la neige a fondu sur les routes principales donc je ne mourrais pas encore aujourd’hui.
Pour fêter ça je vais prendre de l’essence (nettement moins cher ici, c’est bien cool !) c’est alors que je me retrouve devant les questionnements existentiels d’une voyageuse hors de son pays et de ses us et coutumes.
Un jeune gars vient me remplir le réservoir (n’y voyez rien de grivois la dedans) puis m’accompagne à la caisse et là je me demande si je dois lui filer un pourboire ou pas. N’ayant pas de Zloty dans mon porte-monnaie et ne parlant pas polonais pour lui expliquer, je m’enfuie en courant en espérant qu’il ne me course pas tel un chien de chasse flairant son lapin de garenne.
J’apprendrais plus tard, que ce n’est pas commun les pourboires en Pologne. Grand bien m’en fasse !
Je continue ma route pour enfin arriver à mon petit hôtel sans prétention… Le pałac Tłokinia .
C’est vrai, je dois l’avouer j’ai pris gout aux vieux palaces polonais. Cette odeur, ce luxe passé et désuet, ce calme, c’est mon côté Liliane de Bettencourt.
Exactement ce qu’il me faut pour recharger les batteries.
Je passe donc trois jours au calme, dans une ambiance hors du temps à bouquiner, me goinfrer au buffet du petit déjeuner et perdre mon temps devant des vidéos débiles sur internet et des documentaires intéressants sur Arte (j’ai pas envie que mes lecteurs est une mauvaise image de moi).
Voyez-vous-même par cette petite vidéo d’ambiance, je me suis amusé comme une petite folle.
Cette vidéo est un essai contemporain entre l’émission Strip-tease et un spectacle de Pina Bausch en salle de bain.
Je quitte le palace à regret mais heureuse d’aller visiter la ville de Kalisz ma première rencontre avec la Pologne.
C’est une ville sous un ciel gris qui m’accueille et je découvre alors la vie polonaise. Kalisz est une ville moyenne et son vieux centre est pleins de belles églises.
Je suis un peu choqué par la vétusté de beaucoup d’immeubles et j’ai une impression de cliché de vie sous l’URSS.
Beaucoup de petites boutiques de vêtements, de cuisine, de décoration, de linge, de chaussures. Beaucoup de devantures vides aussi qui cherchent acquéreurs.
Mais il y a aussi le contraste avec une galerie marchande en plein centre ville avec un HM, un gros supermarché, un cinéma 3D,…
Je tombe au hasard sur un petit café qui sert à manger à toute heure et je goute enfin aux Pierogies !
Ces raviolis si célèbres en Pologne ! Déjà en France on m’avait conseillé de gouter à cette spécialité délicieuse puis au centre quand je demandais aux polonais le plat le plus typique, ils me répondaient tous : « Tu devrais gouter aux pierogies ».
Les pierogies se font à la main mais les jeunes générations ne les fabriquent plus. Ils les achètent déjà fait en profitant des bons pierogies fait maison quand ils retrouvent leurs familles.
Ce sont donc des raviolis qui peuvent rappeler les gyozas japonais fourré à pleins de bonnes choses. Moi j’ai gouté ceux aux choux et champignons, ce sont ceux servis normalement pour Noël.
Après m’avoir rempli la panse, je rentre au centre pour vivre de nouvelles aventures.
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Ça me demande pas mal de temps d’écrire puis de poster les articles et les photos. Comme j’ai qu’une heure de connexion par jour, c’est un peu ford-boyard le soir ou je décide de mettre en ligne. « Naaaaan mais sans dec’ comment ils faisaient avant sans internet quoi ?????? »
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Bisous les petits canaillous
Magnifique ! <3 Merci de nous faire partager ton "errance". Plein de gros bisous de frrrrrrrrrance (justement).
Oh! Bin ça y’est t’as refait une frange!?