Polska zimą
- Galel Jourih
- 20 déc. 2021
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 déc. 2021
Un hiver en Pologne.
Ça y est, j'y suis.
Après plus de 2000 km, je suis arrivé en Pologne hier soir.

Mardi dernier, je pars de chez mes amis à coté de Ruffec direction la Bourgogne.
Première halte dans la belle maison de Michèle qui héberge pour le moment Marie-Christine et Cyril ainsi que quatre chats. Michèle est prof de physique à Paris du lundi au jeudi, elle n'est pas la quand je passe.

Elle habite à côté du centre de méditation Vipassana ou j'ai passé 8 mois il y a deux ans.
Je l'ai rencontré l'année dernière ou nous avions passé le deuxième confinement chez Claire-Lise et Laurent ou j'avais fait ma première saison de feuilles de châtaigniers et ou elle faisait cours en ligne avec ses élèves parisiens. Elle habitait encore à Paris à l'époque et en moins d'un an elle a vendu son appart pour acheter cette magnifique maison. Grand changement de vie mais elle est heureuse aujourd'hui d'avoir osé franchir le pas de quelque chose qu'elle sentait comme vitale.
Marie-Christine qui vit dans la maison en ce moment, vient d'installer sa tiny-house dans le village. On avait bossé ensemble l'année dernière en cuisine, elle m'avait demandé un coup de main pour faire à manger durant un stage de communication animale.
Je suis heureuse de la retrouver et de pouvoir méditer avec elle et Cyril. La maison a une pièce réservé pour la méditation et je trouve que l’énergie qui s'en dégage est vraiment puissante.
La maison appartenait auparavant à un enseignant de méditation. J'y étais passé plusieurs fois me reposer lors de mon bénévolat au centre et connait donc bien le lieu.
Le lendemain, je suis toute seule à la maison et ça me fait beaucoup de bien de pouvoir poser les valises et d'avoir une journée pour moi.
Mine de rien, ça fait longtemps que je ne me suis pas retrouvé seule et je sens que ça me manque. Avoir son propre rythme, manger à l'heure qu'on veut, ne rien faire de productif, Le pied! :)

Je reprends la route le lendemain, direction Epinal. J'y retrouve avec joie mes amis Gwen et Bubu qui ont 3 enfants, une jeune fille au pair allemande et un énorme chien de la taille d'un veau.
Ils habitent une grande maison près du centre d'Epinal qui fait gîte au rez-de-chaussé.
J'ai la chance d'avoir le gîte rien que pour moi ce soir la.
J'aime passer la soirée en immersion dans cette grande famille. C'est vivant et joyeux. Le quotidien demande tellement d'attention qu'on ne parle même pas du covid. Je me rends compte à quelle point le covid et tout ce qui en découle est rapidement au centre de toutes les discutions et comment ça impact notre moral et notre énergie.
Gwen me partage que ça lui fait mal au cœur de voir son fils de 6 ans partir à l'école avec le masque mais qu'elle évite soigneusement d'en parler avec lui pour ne pas cristalliser la chose.

Le lendemain, je suis embauché pour quelques heures de babysitting. Timothé le petit dernier a un peu la crève donc pas de crèche pour lui. Je remplace la jeune fille au pair qui a cours de français le matin.
Bubu bosse à la maison en télétravail mais ce matin la il a la gastro que lui a filé Sam leur deuxième fils, il n'est donc pas au top de sa forme.
C'est ça aussi la joie des familles nombreuses, on se refile les miasmes!:)
Je pars donc vite en espérant ne pas avoir chopé la gastro ou la crève du petit dernier car il me reste encore pas mal de route. Ce serait dommage de m’arrêter toutes les dix minutes pour vomir dans un sac en plastique.
Ce jour la, j'ai six heures de route et je découvre... l’autoroute allemande sans limitation de vitesse!
Je franchis la frontière sans problème et sans contrôle. J'avais peur d'un contrôle de pass sanitaire sachant que les allemands sont déjà bien plus chaud que les français au niveau des règles concernant le covid. Il n'en est rien et j'arrive à la tombée de la nuit ( Aah l'hiver et ses journées si courtes) sur "l’autoroute allemande".
L'autoroute allemande est sans limitation de vitesse et je dois bien avouer que c'est un peu flippant. Je comprends vite que la troisième voie est réservé pour les mecs qui se croient dans un remake du film "Fast and Furious" et qui roule à 200km.

Moi, je reste sur la première voie et je trace quand même à 130km. Je me fais doubler pépère par pas mal de camions mais je m'en fous, je veux pas mourir en Allemagne.
Ma pote allemande chez qui je vais me raconte plus tard qu'en Bavière il y a même un filon touristique ou des gens viennent louer des voitures derniers cris pour pouvoir les faire rouler au maximum de leurs puissances sur une autoroute spécifiquement connu pour ça. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme!
J'arrive de nuit chez mon amie Alija qui vis avec son compagnon Christian et sa fille Kamali dans les bâtiments d'une ancienne brasserie. La classe!
Ils habitent à Neubourg-sur-le-Danube en Bavière à côté de Munich.
Je suis heureuse de la retrouver, je l'ai rencontré quand elle vivait dans la forêt à Marses dans l'Aude à côté de chez mes amis Antoine et Camille.
Elle avait du suivre un peu à contre cœur son compagnon qui repartait bosser en Bavière il y a deux ans. Depuis, pas facile pour elle de se faire un réseau d'amis en pleine période pandémique.
Elle était heureuse que je lui donne des nouvelles de la vallée y ayant pour ma part vécu quelques mois l'hiver dernier.
On a échangé sur les différences concernant les règles liées au covid entre la France et l'Allemagne depuis le début de la pandémie.
Ils m'apprennent que lors du confinement de mars 2020, les médias allemands

expliquaient que les premières choses que les français avaient dévalisé dans les magasins c'étaient des préservatifs et du vin!
Oh là là, les français ces grands romantiques! ;)
Je rétablie hélas la triste vérité, comme pour eux, nous avons fait des réserves de PQ et de farine.
Le lendemain matin, on va se balader au marché de Neubourg et on se promène le long du Danube. Je vais visiter la vieille ville, ils me font gouter les célèbres bretzels et les Spätzles (des sortes de pâtes aux oeufs).
Je dois repartir dans l'après-midi pour dormir sur la route dans mon camion mais il est déjà 16h et le jour tombe, ma motivation aussi... alors je reste dormir chez eux une nuit de plus.
Je repars le lendemain tôt pour une grosse journée. Plus de six heures sur la route. Je roule essentiellement sur l'autoroute, c'est finalement assez méditatif mais il faut sentir quand on commence à piquer du nez. Je m’arrête pour faire une pause et j'ai l'impression d'être complétement groggy. Je me rends compte que la route est longue quand je réalise que c'est la 6eme fois que j'entends la chanson d'un CD que j'avais mis et qu'elle commence à me saouler alors que c'est ma préférée de l'album.
Je franchis la frontière polonaise sans encombre (merci l'union européenne) et j'arrive de nuit à l'hôtel que j'ai réservé.

C'est un vieux château à l'ouest de Wroclaw. Je crois que je suis la seule cliente et comme ils ne proposent pas de restauration ce soir la, ils m'offrent une soupe aux champignons! Un accueil on ne peut plus parfait après cette longue route.
Je savoure la bonne douche, la soupe et le lit moelleux.
Je réalise que je suis épuisé de mon voyage et que j'ai besoin d'un jour de plus avant d'arriver au centre de méditation pour aider.
Ni une, ni deux comme si je menais une vie de pacha, je réserves pour le lendemain un deuxième hôtel sur la route en direction du centre de méditation. Les prix ici sont quand même plus abordables pour moi, une nuit dans ces hôtels me coutent 180 Zloty c'est à dire 38 euros.
L’hôtel que j'ai réservé est un ancien pavillon de chasse fabuleux ou est même venu quelques temps le compositeur Chopin! C'est dire s'il est coquet et un petit peu kitsch, j'adore!
En Pologne, les gens sont détendu du slip concernant le covid. Pas de pass sanitaire ici et les polonais ne portent pas le masque ou très peu. A l’hôtel personne ne le porte vraiment. J'ai l'impression qu'ils essayent de voir plutôt comment le client réagit, s'il a un masque, ils le mettent également.
Ça me fait du bien d'être dans un pays moins strict concernant le covid. Un petit gout d'avant la pandémie n'est pas désagréable.

Depuis que j'ai passé la frontière allemande, je retrouve la sensation d'être étrangère. C'est une sensation que j'aime pour l'humilité qu'il faut avoir de ne plus se sentir dans son pays. Reconnaitre que ta langue, n'est plus la langue de ce pays, que tes codes ne sont pas les mêmes que ceux du pays dans lequel tu es. Être plus attentive aux rencontres et aux échanges.
Demain je vais au centre de méditation, je ne sais pas trop à quoi m'attendre mais j'ai hâte de retrouver le calme et le silence d'un centre de méditation dans cet hiver froid polonais.
En attendant, je me mets à la langue de Marie Skłodowska Curie car à la différence de l'allemand ou je connais les basiques, en polonais je découvre tout.
Alors sur ce do widzenia et Dobranoc!

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